LA MACHINE A RESSENTIMENT

Publié le 30 Mars 2017

L'hôpital est devenu aujourd'hui une terrible machine à fabriquer du ressentiment. Nous étions pourtant organisés à résister à la morbidité, à la maladie, à la souffrance, côtoyées tous les jours. Nous n'étions pas et nous ne sommes toujours pas formés à nous plaindre, ni même habitués à le faire. C'est pour cette raison justement que nous devons être pris au sérieux quand nous nous exprimons sur nos difficultés.

Nous ne sommes pas des robots, nous ne sommes pas interchangeables, nous ne sommes pas des machines à produire des actes, nous sommes des humains.

Parfois la tâche que l'on exige de nous dépasse nos capacités ou nos compétences. La nouvelle organisation de l'hôpital a fait disparaitre petit à petit les équipes sur lesquelles nous pouvions nous appuyer. Les collègues qui pouvaient nous suppléer en cas de coup dur ne sont plus là. Nous ne sommes que quelques uns à rester, mis en compétition et soumis à une cadence infernale. Nous n'avons pas la possibilité de nous démettre sans risquer de mettre en péril la santé de nos patients. Cette situation sans issue pousse certains au désespoir, d'autres à la rébellion.

C'est de ce combat qu'il nous faut témoigner aujourd'hui. L'organisation de l'hôpital en pôles, les nouveaux leviers de gouvernance que sont le lean management, l'évaluation individuelle des agents, la réforme de la formation continue ont mis à mal le lien qui existait entre tous les personnels. Ce lien était fondé sur le contrat social fondé après la seconde guerre mondiale qui mettait en avant la question de la redistribution et de la solidarité. Il s'agissait de lutter férocement contre toutes les inégalités, de n'oublier personne sur le chemin du progrès social. Nous avions toute notre place dans cette lutte, nous, professionnels de la santé et de l'action sociale.

Nous n'en sommes plus l) aujourd'hui. Ce projet est oublié ou jugé archaïque. L'hôpital n'est plus un lieu de soins mais une entreprise qui doit faire des bénéfices, coûte que coûte. Cet aveuglement pousse nos responsables à ne pas appréhender la gravité de la situation dans nos structures hospitalières.

Le travail qui nous est demandé est parfois au-dessus de nos forces. Comment dire à des enfants que leur père ou leur mère vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de l'hôpital dans lequel il(elle) travaille ?

A vrai dire, il n'y a pas de recette, il n'y a que la douleur et notre capacité à l'encaisser.....Ou pas !

 

Rédigé par cgt

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